Ernest, le Pont-Neuf, … et les frites

Ernest Hemingway

Je ne sais pas si nos descendants frémiront encore longtemps à la lecture du “Vieil homme et la mer” ou de “Pour qui sonne le glas”, mais ce géant d’Hemingway, né en 1899, mort en 1961 a bercé les nuits et les rêves de bien des enfants du XXe siècle.

Ecrivain, journaliste, il couvre notamment la première guerre mondiale. Il séjournera à Paris de 1921 à 1924 période pendant laquelle il est correspondant du Toronto Star. Il suivra plus tard la guerre d’Espagne, aux côtés des Républicains et revient en Europe à la fin de la deuxième guerre mondiale. Il se fera notamment remarquer par le général Leclerc qui l’enverra promener quand l’autre prétendait vouloir libérer le bar du Ritz (!)

Ernest Hemingway avait ses habitudes au “Café de Flore”, célèbre repère du boulevard Saint Germain, à côté des “Deux Magots”.

Ce café a été le rendez-vous  du Tout Paris intellectuel.

A la fin du XIXe siècle, c’est même le rendez-vous de l’extrême droite. Maurras y crée le journal “L’Action Française”. Apollinaire et André Breton y inventent le surréalisme, Picasso, Prévert, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir y ont leurs habitudes, comme Albert Camus, et plus tard, Brigitte Bardot, Delon, Gainsbourg (qui se fait servir des pastis doubles rebaptisés “102”) ou Belmondo. Et la liste n’est pas close, BHL, Arielle Dombasle, Sharon Stone, Johnny Depp peuvent toujours y débouler.

On ne peut pas dire que ce “café chic” soit un haut-lieu de la gastronomie parisienne ou même germano-pratine. Le “club sandwich” est réputé, comme le caviar et et le Pouilly Fumé, sans plus.

Hemingway, colosse de 1,82 m pour un bon quintal, s’y fait servir un roboratif filet de bœuf, enrobé de poivre, flambé au bourbon, déglacé au fond de veau, à la moutarde, au beurre et à la crème fraîche, qu’on peut encore se faire servir au Flore et ailleurs. L’écrivain le préfère croustillant à l’extérieur, rosé ou saignant à l’intérieur, et ajoute un peu de sauce au soja.

Il ne dédaigne pas non plus un “Hamburger” de 450g de bœuf haché (!), garni de deux clous de girofle, de l’ail haché, des petits oignons verts, des câpres, de la sauge, des épices du Nouveau monde introuvables aujourd’hui, un peu de vin blanc et un œuf battu.

Le Pont Neuf en 1615

Le pavé et le hamburger lui sont invariablement servis avec des “pommes Pont Neuf” qui, n’en déplaise à nos amis d’Outre-Quiévrain, sont bien les ancêtres des frites. Les  Belges peuvent se consoler : ils demeurent les plus grands consommateurs de “french fries” au monde (16 kg par tête de pipe par an).

Jean-Frédéric Krieger

Mais il semble bien qu’elles ont été inventées à la fin du XVIIe siècle par les vendeuses de beignets du Pont Neuf, le plus vieux pont de Paris, dont la construction avait commencé sous Henri IV. L’une d’entre elles a un jour l’idée saugrenue de plonger des pommes de terre dans sa friture. La recette fait son chemin, jusqu’à ce qu’un certain Jean-Frédéric Krieger, dit “Fritz” qui travaille dans une rôtisserie à Montmartre n’ouvre en 1844 une “baraque” itinérante et ne se mette à sillonner notamment les routes (plates) de la Belgique.

1 réflexion sur « Ernest, le Pont-Neuf, … et les frites »

Laisser un commentaire